Damien Petiot

Titre de la Thèse: “Templum [...j maximum et primarium est urbis ornamentum”. Architecture et cadre urbain des églises dans les traités, les villes neuves et les aménagements urbains de l’italie de la Renaissance (1450-1615)

Date de début de la thèse: 2012

Date de soutenance: Lundi, 17 Décembre, 2018

Directeur (trice): Yves Pauwels

Discipline: Histoire de l'art

Résumé: 

La péninsule italienne connut, à la Renaissance, une importante activité dans le domaine de la pensée et de la pratique urbanistiques. Les humanistes et architectes de cette époque, comme Alberti, Filarete ou encore Pietro Cataneo, attribuèrent une place privilégiée dans leurs écrits à la problématique de la ville. Ils y encouragèrent les formes géométriques simples à l’intérieur desquelles s’inscrivaient des réseaux viaires orthogonaux ou radioconcentriques. Ces tracés étaient, au même titre que les tableaux de la Renaissance florentine ou les écrits néoplatoniciens, le reflet de la pensée des humanistes. Les monuments qu’ils créèrent et positionnèrent dans leurs cités, tout particulièrement les églises, participaient de la même volonté intellectuelle. Leur architecture et le cadre urbain au sein duquel elles prenaient place étaient conçus selon des principes identiques. Comme le souligna Alberti dans son De re aedificatoria, « […] il n’est rien qui exige plus d’intelligence, de soin, d’industrie et de diligence qu’élever et orner un temple. […] un temple soigneusement élaboré et paré constitue le plus grand et principal embellissement de la ville ». La problématique que nous posons autour de l’architecture et du cadre urbain des églises paroissiales dans les villes neuves et les extensions urbaines sur le territoire italien, entre 1450 et 1650, est l’occasion d’interroger les différentes valeurs d’un programme architectural et citadin. Car ces projets offraient diverses pistes de lecture, idéologique, esthétique, pratique, sociale, etc. L’un des principaux axes de notre exploration est d’essayer de définir si l’on peut évoquer, pour la Renaissance et le début du XVIIème siècle, une attention portée à la « scénographie urbaine », c’est-à-dire à l’ensemble des agencements de l’espace urbain, qui peuvent être planifiés ou, au contraire, ne pas être prévus mais qui produisent des effets esthétiques jouant sur la théâtralité, la perspective et la monumentalité. De cette scénographie urbaine résulte la création d’effets visuels qui produisent chez le spectateur des émotions diverses. C’est d’elle que naît également le discours urbain et architectural que veut dispenser le commanditaire. Par la compréhension de cette mise en scène de l’espace urbain et de l’architecture, nous parviendrons à mieux saisir la société et les théories au sein desquelles les lieux de culte furent créés. Les repères chronologiques que nous proposons débutent en 1450, date d’élaboration du premier traité d’architecture renaissant, le De re aedificatoria d’Alberti, pour s’achever vers 1650. Notre corpus comprend donc les villes neuves conçues en Italie aux XVème, XVIème siècles, ainsi qu’au début du XVIIème, comme Pienza, Palmanova et Sabbioneta. Mais nous y adjoignons aussi l’étude des extensions urbaines qui furent relativement nombreuses à une époque où certaines villes prospéraient et où d’autres étaient agrandies par des princes qui souhaitaient ainsi magnifier leur puissance. La cité-capitale qu’était Rome aux Quattro et Cinquecento, connaissait également une expansion urbaine d’importance. Celle-ci était due aux pouvoirs politiques et religieux des cardinaux et des papes auxquels venaient s’ajouter la présence de nombreuses communautés étrangères et l’afflux massif de pèlerins. Si les travaux viaires constituent la majeure partie des réaménagements urbains que connut alors Rome, l’architecture religieuse n’en était pas pour autant déconnectée. Les différentes églises de la ville, et notamment les basiliques majeures, s’inscrivaient pleinement dans le réseau des nouvelles voies et leur embellissement profitait de ces restructurations à grande échelle. Une place de choix était donc réservée à ces édifices cultuels. L’intérêt d’un tel sujet réside également dans l’analyse originale que nous nous proposons de faire de programmes urbains qui touchent à la fois les domaines artistiques, militaires, politiques et idéologiques. La portée symbolique de ces projets n’est pas à négliger et elle peut être davantage comprise par l’étude minutieuse de l’architecture et de la place réservée à l’édifice cultuel au sein du réseau viaire. De la confrontation de territoires aussi distincts que ceux qui constituaient l’Italie de la Renaissance peuvent naître des interprétations intéressantes et contrastées. En effet, quelle est la place de l’Église et de la foi collective dans des cités-États où la forme urbaine peut, avant tout, servir à valoriser la dynastie princière ? Et que devient le lieu de culte lorsqu’il s’élève au sein d’une ville aux ambitions davantage militaires que civiles comme Palmanova ? Ces interrogations permettent de mettre au jour une polysémie de l’édifice religieux et de son cadre urbain dans la société italienne de la Renaissance.