Axelle Chassagnette

Titre de la Thèse:  Mesurer et décrire : savoir géogaphique et cartographie dans l'espace germanique protestant (des années 1530 aux années 1610).

Date de début de la thèse: 2003

Date de soutenance: Samedi, 28 Novembre, 2009

Directeur (trice): Gérald Chaix

Résumé: 

Ce travail met en évidence la constitution progressive, à la Renaissance, du savoir géographique en discipline, celle-ci étant définie par l’existence, au sein d’un domaine de connaissance, d’un corpus d’autorités, d’un lexique établi, d’une liste de problèmes ou de questions théoriques et pratiques, d’une communauté de praticiens et parfois caractérisée par les signes d’une professionnalisation. Le choix de l’espace germanique protestant pour mener cette étude s’explique d’une part par le désir précoce de l’humanisme allemand (poursuivi pendant tout le XVIe siècle) d’établir un portrait moderne de la Germania, et d’autre part par l’intérêt accordé aux mathématiques (et parmi eux à la géographie) dans les milieux protestants luthériens et secondairement calvinistes pour légitimer l’enseignement et la pratique de la philosophie au regard du développement des nouvelles doctrines religieuses. Ces éléments du contexte intellectuel et religieux favorisent l’activité des savants allemands dans le domaine de la géographie. La limitation de l’étude aux milieux protestants conduit à s’interroger sur la nature des relations qui peuvent lier une confession chrétienne et la définition d’un domaine de savoir et sur l’incidence des doctrines protestantes sur le contenu et la mise en oeuvre de la géographie : dans quelle mesure peut-on parler d’une « géographie protestante » ? Etendue des années 1530 aux années 1620, cette étude s’intéresse dans un premier temps aux évolutions de la définition théorique du savoir géographique et du statut de ses praticiens. Le second temps est consacré à la question de l’enseignement de la géographie dans les universités et les écoles protestantes du Saint Empire. Le troisième moment porte sur la fabrique du savoir géographique, envisage les modalités pratiques, intellectuelles et sociales de la production de la géographie et tente de mettre en lumière l’incidence des contextes de production sur le contenu et la forme des descriptions géographiques tant graphiques que textuelles. Enfin, le dernier temps de l’étude s’interroge sur l’existence d’une mise en oeuvre du savoir géographique propre aux milieux protestants du Saint Empire, considérant successivement deux domaines particuliers, la description de la Germania, de l’Empire et de ses territoires et d’autre part la production de la Geographia sacra, cartes et descriptions textuelles des pays et des peuples qu’évoque la Bible.