Olivier Remaud

Titre de la Thèse: Giambattista Vico. la sagesse et l'histoire

Date de début de la thèse: 1996

Date de soutenance: Jeudi, 20 Décembre, 2001

Directeur (trice): Bruno Pinchard

Résumé: 

L'oeuvre de Giambattista Vico (1668-1744) est encore assez méconnue en France. Pourtant sur le plan méthodologique comme sur le plan proprement spéculatif, elle se signale par son originalité. Du point de vue de la méthode, elle manifeste en effet une capacité inédite à intégrer, sur un mode très polémique, un héritage intellectuel multiple. C'est ainsi que la pensée de Vico contredit violemment celle de Machiavel, tout en décrivant une logique historique des conflits politiques qui s'avère identique sur bien des points. De même, elle réfute abondamment Descartes et le cartésianisme, mais elle en reprend plusieurs acquis. Plus positivement, elle emprunte beaucoup à la philosophie naturelle de Bacon et elle revendique une longue tradition rhétorique, dont la figure de proue est Cicéron. D'un point de vue plus directement philosophique, c'est la préoccupation du sens commun qui guide la philosophie de Vico, du début jusqu'à la fin. Globalement, on dira que le sens commun est d'abord un sens du temps et qu'à ce titre, il permet une archéologie de l'histoire. Il donne les moyens de fonder une science de la mémoire qui élucide en effet les origines de l'humanité à partir des traces que laisse chaque culture, parmi lesquelles les langues. D'autre part, le sens commun exprime la force d'un être-ensemble qui se constitue dans la succession des âges, à travers les conflits, mais qui peine à unifier définitivement le politique. La critique du progrès, contenue dans la célèbre théorie du ricorso, souligne alors le fait qu'un tel pouvoir commun décline si la mémoire de son propre trajet de constitution lui fait défaut. Où l'on comprend que les enjeux méthodologiques d'une science de la mémoire recoupent très souvent le questionnement sur la possibilité réelle de constituer un vivre-ensemble.