Clément Beuvier

Titre de la Thèse: La notion de « bonne foy » au XVIe siècle

Courriel: clement.beuvier@etu.univ-tours.fr

Date de début de la thèse: 2018

Date de soutenance: Lundi, 4 Décembre, 2023

Directeur (trice): Stéphan Geonget (Littérature) et Laurent Gerbier (Philosophie)

Discipline: Littératures française et anciennes

Résumé: 

Résumé de la thèse en français :  

Cette thèse porte sur la notion de « bonne foy », décrite au cours du XVIe siècle comme une norme morale, politique et religieuse fondamentale. Renvoyant d’un premier point de vue à l’exigence de tenir la parole donnée, elle est au centre d’un discours qui se forme au croisement du droit, de la philosophie morale et de la littérature, dont la thèse tâche d’analyser les principales sources, les exempla privilégiés et la structure conceptuelle. À travers l’étude de cas particuliers, il s’agit alors de mettre en lumière le contenu spécifique dont la notion se trouve investie dans le contexte français du XVIe siècle, particulièrement sensible dans des œuvres littéraires comme le Regulus de Jean de Beaubreuil (1582) ou Le Bon François de Michel du Rit (1589). Une telle étude conduit toutefois à constater que les usages de la « bonne foy » sont irréductibles au seul paradigme de la parole donnée structurant ces œuvres, où la « bonne foy » consiste d’abord à être fidèle à une parole tenue envers et contre tout, selon l’idéal d’une constance domptant les circonstances. Dans le corpus plus large qui a été rassemblé, à la fois juridique, théologique et littéraire, la « bonne foy » consiste au contraire à tenir compte des circonstances, et de tout ce qui échappe à la stricte lettre des paroles. C’est ce que montre l’étude juridique de la notion : apparue dans le droit romain, la bona fides connaît dans le droit savant du Moyen Âge et de la Renaissance une élaboration théorique décisive, qui la rattache progressivement au paradigme de l’équité. La notion repose alors sur une certaine méfiance vis-à-vis des conséquences, contraires au bien et au vrai, auxquelles peut conduire une interprétation trop littérale des paroles humaines. Cet aspect détermine les usages de la « bonne foy » hors du droit, où l’on peut observer cette transposition d’une catégorie morale dans le champ de l’interprétation. Cette transformation de l’exigence de fides à l’œuvre dans la notion constitue l’objet principal de ce travail, qui explore la tension entre deux exigences que la « bonne foy » exprime sans que celles-ci se recouvrent parfaitement : faire valoir la force obligatoire des paroles tenues par les hommes d’une part, subordonner les paroles à l’intention qui les anime et à leurs conditions d’énonciation d’autre part. La « bonne foy » tend en effet à se définir au sein d’une éthique herméneutique dont les deux processus privilégiés sont les suivants : la reconnaissance par un locuteur qu’il était dans l’erreur, et la juste interprétation de la parole d’autrui. Fondamentalement, la notion se définit ainsi comme un rapport au savoir et au langage. L’étude de la « bonne foy » dans les Essais clôturant ce travail revient sur l’usage singulier que fait Montaigne d’une notion étroitement liée à la gnoséologie que l’œuvre déploie, fondée sur la reconnaissance de l’ignorance.

Résumé de la thèse en anglais :  

This thesis focuses on the notion of “bonne foy”, described in the sixteenth century as a fundamental moral, political and religious norm. From a first point of view, it refers to the requirement to keep one’s word, and is at the centre of a discourse that is formed at the crossroads of law, moral philosophy and literature, whose main sources, privileged exempla and conceptual structure are analyzed in this thesis. Through the study of specific cases, the ai mis to highlight the specific content of the notion in the French context of the sixteenth century, particularly evident in literary works such as Jean de Beaubreuil’s Regulus (1582) or Michel du Rit’s Le Bon François (1589). A study of this kind, however, shows that the uses of “bonne foy” cannot be reduced to the paradigm of given word alone, where “bonne foy” consists first and foremost in being faithful to a word kept against all odds, according to the ideal of constancy overcoming circumstances. In the corpus we have collected, “bonne foy” consists, on the contrary, in taking account of circumstances and anything that goes beyond the strict letter of the words. This is what a legal study of the notion shows : bona fides first appeared in Roman law, and underwent a decisive theoretical development in the learned law of the Middle Ages and the Renaissance, in which it was gradually linked to the paradigm of equity. The notion is based on a certain mistrust of the consequences, contrary to what is good and true, to which an overly literal interpretation of words can lead. This aspect determines the uses of “bonne foy” outside the law, where we can observe this transposition of a moral category into the field of interpretation. This transformation of the requirement of fides that is at work in the notion constitutes the main object of this work, which explores the tension between two requirements that “bonne foy” expresses without them overlapping perfectly: on the one hand, to assert the obligatory force of the words held by men, and on the other, to subordinate the words to the intention that animates them and to the conditions of their enunciation. The “bonne foy” thus tends to be defined within a hermeneutic ethic whose two privileged processes are as follows : the recognition by someone that they were in error, and the correct interpretation of another’s words. Basically, the notion is defined as a relationship to knowledge and language. The study of “bonne foy” in the Essais, which brings this work to a close, focuses on Montaigne’s singular use of a notion that is closely linked to the gnoseology developed in the work, based on the recognition of ignorance.

CV court: 

  • 2023-2024 : ATER, Université de Strasbourg
  • 2021-2023 : ATER, Université Paul-Valéry Montpellier  3
  • 2019-2021 : Chargé de cours, Université de Tours
  • 2018-2021 : Chargé de cours, Université de Nantes
  • 2018-2021 : Doctorant contractuel au Centre d'études supérieures de la Renaissance
  • 2017-2018 : Enseignant en lettres modernes dans le secondaire (titularisation)

Travaux de recherche :

  •  Mémoire de master 2 : "L'exigence de bonne foi au XVIe siècle" sous la direction de Laurent Gerbier et Stéphan Geonget
  •  Mémoire de master 1 : "Le discours sur la "bonne foy" au XVIe siècle" sous la direction de Stéphan Geonget

Thèmes de recherche: 

  • Littérature et droit
  • philosophie morale
  • histoire politique

Cursus studiorum: 

  • 2018-2021 :   Doctorant contractuel au Centre d'études supérieures de la Renaissance, Tours
  • 2017 :          Agrégation de lettres modernes
  • 2015-2016  :  Master 2 "Renaissance : Genèse de l'Europe moderne", CESR, Tours
  • 2014-2015  :  Master 1 "Renaissance et Patrimoines", CESR, Tours

Publications: