Gloria Giordano

Titre de la Thèse: Danser dans la Rome aristocratique du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Techniques et styles à partir de la documentation du Séminaire Romain et des archives familiales

Courriel: gloria.giordano@fastwebnet.it

Date de début de la thèse: 2018

Date de soutenance: Jeudi, 2 Juin, 2022

Directeur (trice): Anne-Madeleine Goulet

Discipline: Arts du Spectacle

Résumé: 

À partir d’une riche documentation d’archive et d’un point de vue historique, théorique et pratique, mon projet de recherhe portera sur la promotion, le patronage et la pratique de l’art de la danse à Rome dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle: il s’agira d’analyser, de contextualiser et de définir la façon dont les familles de la haute société s’impliquaient dans les événements spectaculaires privés et publics des palais, des collèges et des théâtres de la ville. Un tel parcours devrait ouvrir la voie à de nombreuses découvertes documentaires et permettre l’étude du choreographicscape d’une des périodes les plus sensibles de l’histoire de la danse italienne, caractérisée par la coexistence de différents styles chorégraphiques, «all’italiana», «alla spagnola», «alla francese», et marquée par le triomphe progressif de ce dernier style au début du XVIIIe siècle. À cet égard l’étude du cas romain pourrait révéler des nouveautés sur les modalités et la chronologie d’un tel processus, annoncé déjà en 1639 par la représentation de la fable bocagère La sincerità trionfante, donnée au palais de l’ambassadeur de France pour la naissance de Louis XIV, dans laquelle un maître de danse français interpréta une sarabande. En prenant en compte la performance dans toutes ses dimensions, mon projet a pour objectif d’établir une cartographie des connaissances actuelles, tant théoriques que pratiques, sur l’art de la danse de l’époque, de repérer la présence de cet art dans les contextes divers de sa manifestation et de s’attacher à la perception que l’on pouvait en avoir : on devrait être en mesure de faire ressurgir de telles pratiques, irrémédiablement disparues dans le moment même de leur exécution, en s’appuyant sur les traces qu’elles ont laissées par le biais de la transmission et de l’archivage. Il s’agira 1) de déterminer la géographie des déplacements des maîtres de danse, des danseurs et des compositeurs de ballet italiens et étrangers, qu’ils parcourent la ville, qu’ils y arrivent ou qu’ils la quittent, en prenant en compte : les interactions entre les familles romaines ; l’influence exercée par les aristocrates françaises apparentées à des nobles romains dans la diffusion du style et du répertoire chorégraphique d’outre-monts ; 2) d’examiner les conditions de production, de réception et de circulation des œuvres chorégraphiques dans la ville, en contexte professionnel ou semi-professionnel ; 3) de consigner les étapes de la circulation, à Rome, des principes fondamentaux du répertoire choréographique, en tenant compte de ce qui se passait dans les autres villes italiennes, comme Modène ou Bologne. Si l’on parvenait à repérer une documentation technique, qui fût dépositaire d’une mémoire de la pratique, on pourrait observer et évaluer les processus de symbolisation et de construction des modèles choréographiques, ce qui me permettrait de mettre à profit mes compétences de danseuse. À travers un travail de reconstruction philologique du répertoire, il devrait être possible 1) d’approfondir le langage technique, en accord avec l’historiographie récente sur les concordances entre les pas de style italien, français et espagnol, lesquels mettent en évidence la façon dont les éléments techniques se mêlent au sein des trois styles et montrent combien le style français naît d’une stylisation et d’une codification de langages chorégraphiques importés ; 2) de fournir des instantanés de l’époque, que l’on se trouvât dans un salon ou dans un théâtre, à travers la reconstruction et / ou la recomposition de chorégraphies originales ; 3) de mettre en lumière ce que la technique française pouvait comporter d’italien et la façon dont, même à Rome, le style français avait pu se mêler au goût italien pour le grotesque, et toutes les formes de comique, composer avec lui et s’y adapter. Ma méthode de travail prévoit : 1) la
collecte des informations présentes dans les sources secondaires afin de bâtir une bibliographie critique sur le sujet (parmi les travaux pionniers sur la danse à Rome, on rappellera : A. Sardoni, «La sirena e l’angelo: La danza barocca a Roma tra meraviglia ed edificazione morale», La danza italiana 4 [1986], p. 7-26; Ead. «“Ut in voce sic in gestu”. Danza e cultura barocca nei collegi gesuitici tra Roma e la Francia», Studi musicali XXV/1-2 [1996], p. 303-316; E. Mori, «Dove gli eroi vanno a morir ballando, ovvero la danza a Roma nel Settecento», La danza italiana 4 [1986], p. 27-47); 2) la prise en compte et l’évaluation des documents présents dans les archives des familles romaines, avec une attention toute particulière portée à ceux qui apparaissent dans la base de données PerformArt (CoG de l’ERC : http://performart-roma.eu/it) ; 3) de nouvelles recherches d’archives pour repérer des documents liés aux événements spectaculaires organisés au sein des familles nobles romaines, sur les collèges et sur les théâtres de Rome. La recherche nécessite d’analyser des documents de toutes sortes et de proposer un bilan à partir d’un corpus de sources à facettes multiples. Outre les traités sur la danse et autres sources directement liées à la pratique (description de ballets, partitions chorégraphiques et musicales, etc., pour l’instant très rares), il existe de très nombreuses traces écrites (lettres, textes littéraires, notes manuscrites, interdictions, livrets de représentations théâtrales – dans des palais, sur des théâtres ou dans des collèges nobiliaires –, des registres de paiement, etc.), qui relèvent d’un système de représentation particulier, qui touche au singulier et à la collectivité, deux domaines fortement marqués par le contexte local et les habitudes de l’époque (voir A. Pontremoli, «Trasmissione della danza fra oralità e scrittura nell’Europa di antico regime», dans Erinnern - Erzählen - Erkennen. Vom Wissen kultureller Praktiken / Aufsätze, Leipziger Universitätsverlag, 2017, p. 151-171).

CV court: 

Lauréate en Danse Classique de l’Académie Nationale di Danza de Rome et en Pedagogie, elle se spécialise dans les répertoires du XVe au XVIIIe siècle et danse dans des compagnies italiennes et européennes, tels, récemment, l’Ensemble Donaires (A. Yepes, Paris) ou encore Doulce Mémoire (chor. H. Hazebroucq).
Elle signe les chorégraphies de productions d’opéra comme «Opera Bhutan» (Acis and Galatea, Händel) et «Japan Orfeo» à Tokyo, ou encore pour des festivals comme l’Innsbrucker Festwochen der Alten Musik, ou l'International Music Festival de Macao.
Checheuse indépendante, elle a publié le fac-similé du manuscrit des Balletti de G. Grossatesta (2005) et, avec Alessandro Pontremoli, Dance, Dancers and Dance-Masters in Renaissance and Baroque Italy de Barbara Sparti (2015).
Elle est Professeur de « Théorie de la danse » à  l’Académie Nationale de Danse de Rome, dirige l’Atelier de Danse ancienne « Corti in Festa » de Rome, et donne des master-classes pour des associations musicales, des conservatoires et des universités en Italie et à l’étranger.
Depuis 2012, elle est responsable de la collection « Biblioteca di Danza » aux Éditions Massimiliano Piretti.

Thèmes de recherche: 

  • La danse en Italie au XVIIe et au XVIIIe siècle, et notamment au sein des collèges nobiliaires, à Parme et à Rome
  • Étude des partitions chorégraphiques italiennes en notation Beauchamps-Feuillet (voir publications sur Gaetano Gaetano Grossatesta et Bortolo Ganasetti)
  • Participe au volume, en cours de publication: Il ballo a Torino 1748-1762. Dalla Raccolta de’ balli fatti nelle opere del Real Teatro, édité sous la direction de Flavia Pappacena (Istituto per i Beni Musicali in Piemonte), pour la Libreria Musicale Italiana.

Cursus studiorum: 

Depuis 2017 professeur de « Théorie de la danse » à l'Accademia Nazionale di Danza de Rome pour une durée indéterminée (depuis 1986 avec contrats à durée déterminée).

Depuis 2016, elle participe au programme PerformArt (Consolidator Grant dell’European Research Council, financé dans le cadre du programme européen de recherche et d'innovation Horizon 2020 -  grant agreement n. 681415), sous la direction d’Anne-Madeleine Goulet. En 2018, elle a commencé un doctorat à l'université de Tours sur la danse à Rome dans la seconde moitié du XVIIe siècle (sous la direction d’Anne-Madeleine Goulet, en collaboration avec Alessandro Pontremoli).