Christelle Breion

Titre de la Thèse:  Ludovic Sforza imaginé : étude des représentations historiques, littéraires et artistiques du duc de Milan du XVIe au XIXe siècle

Date de début de la thèse: 2014

Directeur (trice): Chiara Lastraioli

Résumé: 

Ludovic Sforza (1451-1508) est présenté dans les historiographies contemporaines officielles comme étant incapable de défendre son duché contre l’invasion française en 1499. Bien qu’il ait œuvré pendant dix ans à la mise en place d’une puissante propagande autour de son image de prince-mécène, la majorité des historiographes français et italiens retiendront l’autre revers de la médaille. Dès lors et par son humiliante défaite contre Louis XII, le More incarnera la figure du mauvais prince, de l’usurpateur pleinement responsable du déclenchement des Guerres d’Italie et dont le contre-exemple servirait à l’édification de ses successeurs. Entre mythe et réalité, propagande et contre-propagande, diverses représentations de Ludovic Sforza sont véhiculées en France et en Italie, dans l’art et la littérature dès le XVe siècle et jusqu’au XIXe siècle. À ce jour, il n’existe pas d’étude offrant une analyse croisée des sources françaises et italiennes relatives à ce personnage emblématique. L’objectif de cette thèse est donc de mettre en lumière la construction de l’image du More. Cette enquête amènera inévitablement à une mise en perspective à la fois historique et politique des sources en présence. On sait notamment qu’au cours du XVIe et du XVIIe siècle une littérature pédagogique et comportementale est peu à peu établie à l’attention des « princes chrétiens ». Les modèles princiers sont alors assujettis non seulement à l’actualité politique transalpine (Guerres d’Italie, instances républicaines, renforcement de l’Etat de l’Eglise au sein du scénario politique local), mais aussi aux nouvelles théories de la naissante science politique (que l’on pense à ce propos aux textes fondateurs de Machiavel, de Guichardin, de Brucioli), ou encore à l’affirmation d’une pensée fortement orientée du point de vue confessionnel. Dans ce contexte, la légende noire habilement façonnée par les détracteurs posthumes du More détient une valeur exemplaire, normative et presque topique, car elle peut servir d’anti-modèle aussi bien pour ceux qui défendent les intérêts d’une monarchie moderne cautionnée par un enracinement dynastique que pour ceux qui cultivent un rêve républicain, théocratique ou oligarchique.