Titre de la Thèse: L'eglise Saint-Gervais-Saint-Protais de GIsors : un foyer de la Renaissance (1530-1630). Commande artistique et architecturale
Courriel: marion.seure@etu.univ-tours.fr
Date de début de la thèse: 2018
Directeur (trice): Marion Boudon-Machuel
Discipline: Histoire de l'art
La place de Gisors à la fin de l’époque gothique a été remise en lumière grâce à la thèse d’É. HAMON portant sur l’architecture flamboyante des églises du Vexin français de 1495 à 1548. Toutefois, l’importance de cette région charnière entre Île-de-France, Normandie et Picardie ne diminue pas avec le temps : continuant de bénéficier de l’essor économique de ces territoires frontaliers, elle tire également avantage de la réimplantation de la cour royale en Île-de-France à partir des années 1530. Cependant, depuis Léon PALUSTRE (1838-1894) et Louis REGNIER (1865-1923), personne ne s’était intéressé de manière approfondie au Vexin à la Renaissance. Les nombreux documents comptables de la fabrique de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors permettent pourtant une connaissance précise des campagnes architecturales du XVIe siècle (tour à ordres, portail occidental, jubé…) et des commandes de mobilier (vitraux, retables, statues…). Au-delà de cet édifice majeur, l’intérêt de Gisors réside dans le réseau de commanditaires tissé autour de la ville. Celle-ci attire artisans, officiers et nobles des environs, qui ont à cœur de laisser une trace dans l’église par leur commande artistique. Les grandes familles des alentours, les d’Estouteville, devenus Bourbon-Saint-Pol, ne sont pas en reste. Le fief implanté dans la ville est tenu successivement par les familles de Ferrières, de Pellevé et de Montmorency, qui tous détiennent d’autres terres dans les environs, sur lesquelles ils ont exercé un mécénat dans le domaine religieux. Ce constat, ainsi que l’identification des transferts artistiques et des liens entre commanditaires permettent d’établir une zone géographique cohérente autour de Gisors. Partant de là, il est possible d’aborder plusieurs problématiques qui concernent ce foyer mais aussi plus largement la Renaissance en France : la corrélation entre la présence d’un commanditaire sur le territoire et sa commande artistique, les liens entre artistes du chantier gisorsien et commanditaires vexinois, les transferts de motifs architecturaux de la seconde Renaissance et la réalisation d’œuvres, notamment vitraux et sculpture, répondant aux canons bellifontains, la signification du choix de motifs à l’antique pour certains édifices religieux - alors même que l’on constate la permanence de formes flamboyantes pour la même période. Aborder ensemble ces thématiques, en laissant une place de choix aux commanditaires, permettra de livrer une nouvelle vision du Vexin tout en complétant le mouvement déjà amorcé de redécouverte des différents foyers artistiques de la Renaissance française : la Normandie (É. FAISANT et X. PAGAZANI) ; Toulouse (C. DUBUICHE) ; Troyes (exposition Le Beau XVIe siècle)… Par ailleurs, l’étude du mécénat, bien développée pour les commandes royales et celles de grands personnages du royaume, doit aussi être menée à une échelle inférieure mais pour laquelle les mécènes (confréries, bourgeois, petits officiers…) sont aussi les plus nombreux et ont contribué au dynamisme de foyers artistiques tels que Rouen. L’étude partira de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors et s’appuiera sur un corpus de six autres édifices religieux dont les liens avec Gisors et avec les problématiques soulevées ont clairement pu être établis (Saint-Jean-Baptiste de Dangu, Notre-Dame de Magny, Saint-Gervais-Saint-Protais de Saint-Gervais, Saint-Pierre-Saint-Paul de Jouy-sous-Thelle, Saint-Jean-Baptiste de Chaumont et Saint-Martin de Montjavoult). Si l’architecture occupera une place centrale dans ce travail, elle n’occultera pas l’analyse des œuvres mobilières conservées, commandes les plus fréquentes à l’époque où le gros œuvre des édifices étudiés était pratiquement achevé. C’est donc une plongée dans l’art de la seconde Renaissance que nous proposons, période artistique souffrant encore d’un déficit d’études – surtout en comparaison du dynamisme actuel de la recherche autour des années 1500, entre Moyen Âge et Renaissance – ainsi qu’une étude sur l’architecture religieuse française à la Renaissance, sujet peu étudié et, ce, malgré sa richesse.