Titre de la Thèse: Ecrire la cuisine en latin du XIIe au XVe siècle
Courriel: corentin.poirier@etu.univ-tours.fr
Date de début de la thèse: 2017
Directeur (trice): Bruno Laurioux
Discipline: Histoire
Si la cuisine et sa mise par écrit ont largement été étudiées par les historiens de l’alimentation dans le cas des langues vulgaires, la découverte récente de manuscrits rédigés en latin entre les XIIe et XVe siècles, plus nombreux que ce que l'on pensait jusqu'ici, invite à approfondir la recherche. Ainsi, dans quel contexte chronologique et géographique faut-il situer cette littérature culinaire en latin, d’abord langue savante, et quels en sont les enjeux (objectifs, destinataires et pratiques de lecture, constitution et diffusion du savoir culinaire dans l’Europe latine, continuités dans le passage de l'Antiquité au Moyen Âge et à la Renaissance, etc.) ? La description matérielle et textuelle des manuscrits composant le corpus et la transcription des textes inédits, permettra d’établir leur critique textuelle en vue de l'édition critique. Dans cet objectif, il faudra situer ces sources dans leur tradition textuelle et étudier leur intertextualité pour établir leur circulation entre le XIIe et le XVe siècles, tout en ancrant cette production dans un contexte historique, culturel et géographique, entre la Renaissance carolingienne et la Renaissance, et en prenant en compte les autres domaines inhérents à l'écriture culinaire, notamment celui de la santé. Les acteurs intervenant dans l'histoire de ces textes et des livres manuscrits qui les contiennent, du copiste au lecteur, du commanditaire à l'auteur, puis aux possesseurs, lorsqu'ils peuvent être identifiés, doivent également être étudiés, en leur donnant une épaisseur biographique et prosopographique, afin d'analyser la rédaction, la réception et la manipulation de ces textes culinaires latins, et l'usage des manuscrits, considéré alors comme objet-livre, en utilisant les méthodes de la codicologie. Une analyse lexicographique et philologique sera nécessaire pour comprendre l’évolution du vocabulaire culinaire en latin et les influences des langues vernaculaires, la mise en place d’une rhétorique de l’écriture culinaire et d’une écriture normative spécifique en latin. Enfin, le contenu même de ces textes culinaires, à savoir, les recettes, devront être analysées, en les comparant, en pointant leurs singularités, leurs variantes, et leurs innovations. Ce dernier aspect est important puisqu'il se pose comme le moyen d'appréhender le patrimoine alimentaire de l'Europe du Moyen Âge, dans sa circulation apparemment savante, à travers l’emploi du latin.