Conférence SACESR : La diététique de la Renaissance a t-elle vraiment existé ?

Date: 21 Novembre 2022

Horaire: 17h30-19h

Lieu: Site CHU Clocheville - Amphithéâtre George Sand

Organisateur : Bruno Laurioux, Professeur des Universités

Documents à télécharger : 
PDF icon 2022_ANNONCE SACESR_Bruno Laurioux.pdf

Résumé : 

Telle qu’elle s’écrit et se pratique entre 1350 et 1650, la diététique offre toutes les apparences d’un domaine totalement figé. Rien ne semble y avoir changé depuis qu’Hippocrate en a posé les bases et que Galien en a délimité le champ, les méthodes et les genres. Même l’afflux de nouveaux textes traduits depuis l’arabe à partir du XIIe siècle s’est placé sous le parapluie rassurant du galénisme. Ces autorités millénaires ne cessent d’être invoquées et convoquées par tous les praticiens qui entendent préserver la santé de leurs patients par le truchement d’un régime approprié, notamment en matière d’alimentation. Nombre d’historiens de la médecine prétendent même que l’ancienne diététique d’origine grecque aurait alors perduré non seulement dans ses principes (à travers la théorie dite des humeurs) mais jusque dans les prescriptions qui en découlent – avec par exemple une grande méfiance envers les poissons, les fruits, les légumes et le lait.

La présente conférence vise à corriger cette image en faisant l’hypothèse qu’une diététique spécifique a bel et bien existé entre 1350 et 1650. Si les bases théoriques et pratiques de la diététique occidentale restent effectivement les mêmes, on y détecte tout de même de notables ajustements. D’abord parce que les médecins cherchent à s’adapter aux réalités concrètes de leur temps, au premier rang desquelles figure la nourriture. On peut même parler de siècles particulièrement diététiques dans une société elle-même de plus en plus médicalisée, notamment entre la Peste de 1347 et celle de 1720. Car le régime, et principalement le régime alimentaire, fut l’un des rares outils prophylactiques et thérapeutiques que les praticiens opposèrent au terrible fléau. Cet intérêt croissant pour la diététique, qui fut bien plus qu’une mode, entraina une véritable explosion textuelle : des traités de toute nature se multiplièrent, explorant des problèmes que les Pères fondateurs de la médecine grecque n’avaient pas abordés ni connus ni même pu imaginer.       

M. Bruno Laurioux

 

Bruno Laurioux est professeur d’histoire médiévale à l’université de Tours-CESR et préside l’Institut Européen d’Histoire et des Cultures de l’Alimentation (116 bd Béranger à Tours). Spécialiste d’histoire de l’alimentation au Moyen Âge et à la Renaissance, il a notamment publié : Gastronomie, humanisme et société à Rome au milieu du XVe siècle : autour du De honesta voluptate de Platina, Florence, 2006 ; Le Banquet: Manger, boire et parler ensemble (XIIe-XVIIe siècles), Florence, 2018 ; Le Modèle culinaire français. Diffusion, adaptations, transformations, oppositions dans le monde (XVIIe-XXIe siècle), Tours, PUFR (coll. « Tables des Hommes »), 2021.