Date: 3 Juillet 2024 au 25 Août 2024
Date du colloque : 13-14 mai 2025
Les propositions de communication seront résumées en une page maximum et seront accompagnées de quelques lignes de présentation du participant (Nom, Prénom, domaine de recherches, université de rattachement, adresse mail). Elles devront être envoyées avant le 26 août 2024 à l’adresse mail suivante : diane.cuny[at]univ-tours.fr
Le centaure fait partie des nombreuses créatures hybrides fascinantes que nous a transmises la mythologie grecque antique. C’est aussi une des plus anciennes en Grèce puisqu’on a retrouvé une jolie statuette en terre cuite dans la nécropole de Lefcandi(Eubée) datant du Xe siècle, avant même la fixation par écrit des récits homériques. Au sein des créatures hybrides, le centaure a, cependant, une dualité tout à fait particulière puisqu’on trouve à la fois des récits mettant en scène de bons centaures comme Chiron, éducateur d’Achille, d’Héraclès, de Jason et d’Asclépios, guérisseur et prophète, et d’autres récits où les centaures sont des figures de la démesure (l’hybris à laquelle renvoie une étymologie fantaisiste du mot hybride), associée à l’ivresse et à la violence à l’encontre des femmes (Eurytion attaquant Hippodamie, Nessos Déjanire, Hyléos et Rhoicos Atalante…). Dans l’iconographie, l’éducation d’Achille par Chiron côtoie les grandes centauromachies qui ornent céramiques et monuments publics. Ce dernier motif est généralement interprété comme la victoire de la civilisation sur la force brute et le désir sans frein. À l’époque hellénistique et romaine, de nouveaux motifs apparaissent et les artistes s’intéressent aux centauresses et aux familles de centaures, associent le centaure à Eros (centaure Borghèse) ou à Dionysos et tout un univers dionysiaque.
Cette dualité perdure dans la postérité. Le centaure se retrouve sur le portail et les chapiteaux des églises où il apparaît comme une créature diabolique qui symbolise le mal ou chez les peintres de la Renaissance comme Botticelli ou Mantegna qui le font entrer dans des allégories face à une Minerve incarnant la sagesse. Charles Le Brun, Antoine Coypel, Eugène Delacroix, Gustave Moreau, Auguste Rodin restent fascinés par cette créature hybride qui leur permet d’explorer les liens entre l’homme et le cheval et de revisiter des scènes tantôt violentes (combats, enlèvements, mort de Nessos), tantôt pacifiques (éducation d’Achille, triomphe Vénus avec des icthyocentaures, centaures musiciens et centauresses à l’enfant). Dans la littérature jeunesse contemporaine, les centaures restent très présents, qu’il s’agisse du Monde de Narnia, Harry Potter ou Percy Jackson.
Notre colloque se situe dans la perspective de transmédialité développée par Henry Jenkins en 2003 et vise à prendre en compte la façon dont l’univers narratologique des centaures se construit et s’enrichit à l’aide de supports variés (textes antiques et modernes, adaptations, réécritures, mais aussi représentations iconographiques sur les peintures, sculptures et mosaïques et dans les nouveaux supports (films, bandes dessinées, jeux vidéos…). En étudiant le centaure dans une perspective diachronique, nous souhaitons répondre aux questions suivantes : quels sont les récits antiques associés aux centaures et comment évoluent-ils progressivement ? Quel rapport entretiennent les représentations figurées avec ces récits ? Quelles transformations sont induites par l’importation de cette figure païenne dans un monde chrétien ? Quel imaginaire véhicule le centaure aujourd’hui ?
Le but de notre colloque est d’aboutir à un ouvrage de synthèse sur ce personnage mythique à la postérité exceptionnelle.
Comité d’organisation
Silvio Bär : silvio.baer@ifikk.uio.no
Diane Cuny: diane.cuny@univ-tours.fr
Comité scientifique
Emma Aston (University of Reading)
Jan Bremmer (University of Groningen)
Justina Gregory (Smith College, Northampton, MA)
Sarah Iles Johnston (Ohio State University)
Pascale Linant de Bellefonds (CNRS)